Et voilà qui est fait. J’ai découvert, pendant mon séjour à Paris, que ma thèse est désormais référencée sur Thèses.fr, le site qui catalogue officiellement les thèses acceptées en France. Bon, malheureusement, il est resté quelques erreurs! Je les avais corrigées dans la version publiée sur TEL. Mais, l’important est là! Ma thèse est maintenant bouclée, même si, évidemment, ma réflexion sur le sujet est destinée à évoluer. Elle a déjà commencé à évoluer, notamment grâce au MOOC Comprendre le transmedia storytelling que j’ai suivi sur la plateforme France Université Numérique (FUN) au début de cette année. En effet, je me suis alors rendue compte qu’en réalité, le « transmédia » est une stratégie très coûteuse encore relativement peu utilisée et que pour l’instant, le « crossmédia » ou « média mix » prédomine encore largement la création de franchise.
La fiche Wikipédia en anglais pour crossmedia reflète d’ailleurs cette proximité à la fois sémantique et commerciale, qui fait qu’il est souvent difficile de distinguer entre les deux. Elle ainsi considère le crossmedia comme une sorte de tremplin vers le transmedia ou, inversement, le transmedia comme une forme intense de crossmedia, dans lequel les divers éléments constituant l’univers narratifs ne sont pas uniquement juxtaposés. Cependant, le MOOC insiste sur un élément qui me semble permet justement de faire la différence entre ces deux ensembles de stratégie et cet élément est la tentative d’impliquer le destinataire du récit dans celui-ci. Il doit exécuter un certain nombre d’actions et d’opérations pour pouvoir découvrir la suite de l’histoire, qui se déroule souvent simultanément dans plusieurs versions médiatiques de l’univers narratif. Des liens et rétroliens existent entre celles-ci. Ce n’est pas le cas du crossmedia qui propose surtout d’accumuler des éléments sérialisés d’un univers narratif généralement ouvert et pouvant donc éventuellement s’étendre à l’infini. Le destinataire doit certes être actif, dans la mesure où il est encouragé à se procurer tous les composants de la franchise, mais il n’y a pas réellement d’implication directe de sa part dans la découverte du récit. Comme l’indique la fiche Wikipédia pour « Transmedia storytelling », le mot-clé pour distinguer entre les deux est « engagement« , que l’on pourrait traduire par « intense investissement personnel » (oui, c’est beaucoup plus long, comme toujours en français).
Dans le cadre de ma thèse, qui portait sur la réception des franchises de l’industrie japonaise du divertissement audiovisuel (plus exactement, sur le rôle joué par le DVD dans la réception des animes), je pense que le crossmedia prédomine encore largement. Même si les jeux vidéo et les jeux de cartes engagent certes les destinataires dans une forme d’interaction avec le récit, ce n’est qu’avec sa version jeu vidéo ou jeu de carte, non pas avec l’ensemble de l’univers narratif dont il fait partie. Bien sûr, le public des divers composants d’une franchise crossmedia ne sont pas du tout passifs. Mais, il me semble qu’il y a malgré tout une différence de nature entre une « lecture active« , stimulant la réflexion ou la rêverie, et un véritable investissement personnel dans le découverte du récit, impliquant l’obligation, par exemple, de résoudre des énigmes ou de jongler avec plusieurs plateformes pour retrouver son chemin dans l’univers narratif en question, comme le propose le transmedia. De fait, il me semble que dans le cas de franchises récentes comme Fairy Tail, Naruto ou One Piece, ou même Pokémon, on peut difficilement parler de transmedia. Et c’est encore moins le cas pour des séries plus anciennes comme, par exemple, Dragon Ball, même s’il y a eu, ici ou là, quelques tentatives de proposer des épisodes interactifs (en utilisant notamment une technologie téléphonique, à la fin des années 80, qui a fait long feu — j’en ai malheureusement oublié le nom).