MAJ du 21.10.2014: L’ouvrage est désormais disponible en format imprimé et en format numérique!
Les sciences humaines sont souvent l’objet d’intrusions spiritualistes, l’instrument d’une « déraison savante », le cheval de Troie des théories les plus insensées qu’une pléthore de mouvements et courants irrationalistes engendre à flots continus, en voulant faire main basse sur le « phénomène humain ». Elles doivent donc affirmer la prévalence de leurs méthodes tout aussi scientifiques que celles des sciences de la nature et leur indéfectible rationalité, afin de se défendre contre ce qui émane de ces cloaques de la pensée. Telle est l’ambition des neuf auteurs de diverses disciplines (anthropologie, épistémologie, mathématiques, philosophie, psychologie, sociologie) qui donnent ici une éclairante variété d’analyses et de points de vue.

Sciences et pseudo-sciences. Regards des sciences humaines , Valéry Rasplus (éd.), 2014.
En effet, nombre d’adeptes de croyances et superstitions ont tendance à diviser le monde en deux domaines mutuellement exclusifs: d’une part, un univers bassement matériel, voire matérialiste, pauvre, sec, désenchanté et même glauque, et d’autre part, un univers immatériel, caché, comportant des possibilités plus vastes et supérieures à ce que nous sommes capables de percevoir directement par nos sens physiques, et accessible seulement à notre intuition et à notre esprit.
Pour eux, les sciences de la nature sont particulièrement mal outillées pour aborder ce qu’ils considèrent comme des phénomènes échappant à notre corporalité et donc à nos technologies (lesquelles ne sont que des prothèses visant à augmenter la puissance de nos sens), parce que se basant justement sur une observation matérielle du monde physique. Par contre, les sciences humaines et sociales portant sur des éléments immatériels, c’est-à-dire intangibles, tels que les comportements, les valeurs, les normes, la création, les idées, etc., peuvent leur apparaître comme un refuge académique potentiel pour leurs thèses que les sciences dites « naturelles » refusent obstinément de confirmer.
Il y a d’ailleurs là une sorte de malentendu sémantique sur l’idée d’immatérialité: même si les notions sur lesquels portent les sciences humaines/sociales ne se manifestent pas sous des formes objectivées que l’on peut saisir avec les mains, elles n’en sont pas moins tout à fait qualifiables et quantifiables dans la mesure où elles s’incarnent dans des êtes humains, eux parfaitement concrets. Ce n’est donc pas parce que l’on ne peut pas mettre des groupes humains entiers sous un microscope comme des colonies de bactéries que les recherches en sciences sociales et humaines ne se basent pas sur une approche rationnelle, basée sur les mêmes principes intellectuels que les sciences dites « naturelles ».
Je suppose donc que voici un ouvrage bienvenu pour tous ceux qui cherchent à approfondir la question de la définition de la science en tant que méthode et approche du monde. Celui-ci sera bientôt disponible pour un prix très raisonnable, soit en version imprimée (14€), soit en format eBook PDF (8€).