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Cet excellent interview de Léo Grasset alias Dirtybiology sur le manque de culture scientifique dans les rédactions a été récemment publié dans Marianne. En effet, trop de journalistes (je dirais 95%) ne savent tout simplement pas comment fonctionne la science, que ce soit au niveau de ses principes de base ou au niveau de ses pratiques institutionnelles.

Le journalisme scientifique n’est pas du tout une matière prestigieuse dans une rédaction, alors que ça devrait l’être. D’ailleurs, il n’y a aucun scientifique « star », bien identifiable. A cet égard, il y a une responsabilité des médias. Il y a trop peu de gens formés à comprendre comment fonctionne la science dans les rédactions, sa méthode, comment interpréter un résultat scientifique. Les médias font état des résultats d’études scientifiques, mais trop peu de journalistes sont capables d’évaluer si ces études sont sérieuses ou non. Le fait que ce rôle revienne à des youtubeurs indépendants montre à quel point les médias ont démissionné sur ce sujet. Léo Grasset, dans Culture scientifique: peut-on arrêter d’être nuls?, Marianne, le 5 mars 2020.
Les niveaux de preuves

Niveaux de preuves en science. Adapté de McGoven DPB et al. 2001, repris du site de La Main à la Pâtes
Combien de journalistes savent-ils qu’il existe différents niveaux de preuves? Combien comprennent que le témoignage personnel, surtout récolté sans méthode, constitue le niveau le plus faible? Combien se rendent compte qu’une étude publiée, même dans une prestigieuse revue à comité de lecture, est située à peine plus haut sur cette échelle?
Combien connaissent la notion de consensus scientifique et comprennent comment il se construit?
Distinguer la science et les pseudo-sciences
Combien sont capables d’expliquer réellement pourquoi le créationnisme, ou sa version plus sournoise, le dessein intelligent, ne sont pas scientifiquement fondés? Comprennent-ils que les pétitions de la Templeton Fondation, signées par des milliers de scientifiques à travers le monde, ne sont pas en mesure de remettre en cause la théorie de l’évolution?
D’ailleurs, combien savent qu’une théorie, en science, n’est pas, comme dans le langage courant, une conjecture à vérifier par l’expérience pratique, mais l’exacte contraire?
Combien savent quelle attitude adopter face aux négationnistes du réchauffement climatique d’origine humaine qui se présentent en blouse blanche, auréolés de leurs diplômes en physique atmosphérique (comme Richard Linzen, du MIT), en géophysique (comme Claude Allègre, ex-ministre de l’Éducation nationale et président de l’Académie des Sciences) ou même en climatologie (comme Patrick Michaels, chercheur à la retraite et membre du Cato Institute, un des principaux think tanks conservateurs aux USA)?
Il y a donc un sacré boulot d’éducation à faire en la matière parmi les rédactions, notamment des grands médias.
Concernant le climat, justement, a quel niveau se situe-t-il dans la pyramide ?
A mon sens le RCA n’a pas passé l’étape « essais controlés, randomisés ». Ni l’étude de cohortes.
Ni l’étude de cas, l’observation du RCA n’existe pas.
du coup je m’interroge.
On est au niveau de preuve le plus élevé, c’est-à-dire, de multiples méta-analyses qui convergent. Aujourd’hui, le consensus scientifique sur la réalité du RCA est très solide. On a largement dépassé le stade des essais contrôlés et randomisés, de même que des études de cohortes. En fait, il y en a tellement que l’on a pu faire de nombreuses méta-analyses qui couvrent près d’un siècle de recherches.
« On a largement dépassé le stade des essais contrôlés et randomisés »
Je ne vois pas comment on aurait pu réaliser le moindre essai au niveau du climat. Vous pouvez m’aiguiller vers un exemple?